Syrie. «Je veux que le monde entier sache jusqu’où Bachar Al-Assad est allé dans l’horreur»


 

Propos recueillis par
Annick Cojean

Il n’existe pas de terme pour qualifier l’horreur, l’infamie, la monstruosité des crimes du «despote de Damas et tous les salauds à sa solde». La lecture du témoignage de Hasna Al-Hariri est à peine supportable, quasi insoutenable. Pourtant il doit être lu et diffusé. Cela au moment où ladite communauté internationale est en train d’avaliser la permanence au pouvoir du clan Assad, responsable avéré des pires crimes contre l’humanité. L’affirmation d’Hasna Al-Hariri suffit à jetter l’opprobre sur ceux que se font complices, de facto, des turpitudes du pouvoir Assad: «Nos filles entrent en prison, pures comme de l’argent. Elles en ressortent détruites et mortes-vivantes. Mais y a-t-il une seule voix forte, en Occident, qui se soit élevée pour les défendre et exiger leur libération? Citez-m’en une seule. Eh bien non.» (Réd. A l’Encontre)

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C’est après la défection de l’un de mes fils, soldat dans l’armée syrienne, que ma vie a basculé et que toute la famille est officiellement devenue «ennemie du régime». Il avait servi pendant onze ans, mais l’ordre de faire feu sur n’importe quel supposé révolutionnaire, fût-il pacifique, lui a été insupportable, et il a déserté le 20 avril 2011. Trois jours plus tard, notre maison, située dans un village de la région de Deraa, était investie par les militaires, fouillée, pillée, puis perquisitionnée à nouveau tous les deux jours, jusqu’à ce qu’un tir de lance-roquettes, le 10 mai, la détruise presque entièrement.

Le 15 mai, un autre de mes fils, rebelle, qui était soigné dans un hôpital de Deraa, a été assassiné par des soldats du régime qui ont pris d’assaut le bâtiment et ont tué 65 hommes figurant parmi les blessés, cinq d’entre eux, réputés déserteurs, étant enterrés vivants.

J’ai ramené le corps de mon fils au village et me suis employée, dès lors, à chercher nourriture et médicaments pour ma famille, mais aussi pour les rebelles. Oui, bien sûr que je voulais les aider. Ils réclamaient le droit de s’exprimer, mais ne voulaient pas la guerre! Comme j’étais surveillée et suivie, j’ai été arrêtée une première fois le 14 juin 2011, détenue d’abord dans une base des services secrets de Deraa, puis transférée à Damas, au centre 215 de la sécurité militaire. Celui qu’on appelle le «centre de la mort» parce qu’y meurent quotidiennement, sous la torture, un grand nombre de prisonniers.

Ce que j’ai vu alors dans les couloirs du sous-sol, avant même d’entrer dans ma cellule, ressemblait à une vue de l’enfer. Le sol ruisselait de sang, il y avait des cadavres dans les coins, et j’ai assisté à des scènes de torture inconcevables, sous les hurlements, les menaces, les injures: des jeunes hommes nus frappés avec des bâtons ou des câbles tressés leur arrachant la chair, suspendus par les bras à des chaînes accrochées au plafond, crucifiés, coincés dans des pneus, empalés sur des pieux. J’ai vu découper des membres à la tronçonneuse sur des êtres vivants, pour effrayer les autres et les faire avouer des choses qu’ils n’avaient pas faites. Des cris résonnaient dans toute la prison.

Il y avait alors peu de femmes. Dès mon arrivée, et malgré mon âge, j’ai été mise à nu, et j’ai dû subir ainsi, sans vêtements, des jours et des jours d’interrogatoire. J’ai été profondément humiliée. Battue avec toutes sortes d’instruments. Soumise aux chocs d’une matraque électrique qu’on me passait sur tout le corps. Plongée des jours dans un bassin d’eau souillée dans laquelle on m’enfonçait la tête pour me forcer à répondre à leurs questions: «Qui sont les terroristes que tu soutiens? Quel argent reçois-tu d’Israël ? Quels réseaux avec les Qataris et les Saoudiens?» Ces questions étaient tellement absurdes, moi qui ne connaissais que des jeunes gens épris de liberté! Un jeune soldat m’a enfoncé les doigts dans le sexe. J’ai hurlé : «Je pourrais être ta mère! »

Mais le viol était partout. Dans les actes, dans les menaces, dans les discours. C’était le maître mot. Viol. Pour me faire craquer, les gardes me faisaient entrer dans les salles de torture où des hommes nus se faisaient violer et ils me criaient : «Regarde bien ! C’est ce qui arrivera à tes fils et tes filles si tu continues à comploter contre le régime. On vous violera tous!» Ils savent bien que dans nos sociétés, le viol est pire que la mort.

J’ai été relâchée. Mon fils déserteur a été tué. Comme le mari de ma fille, qui s’était simplement arrêté au bord d’une route pour prêter secours à des blessés qui se vidaient de leur sang. Puis on a retrouvé le corps de mon neveu, lui aussi déserteur, les yeux arrachés. De nouveau, j’ai été arrêtée et placée dans une cellule étroite avec une vingtaine de femmes de tous les âges. On venait les chercher une par une. Elles revenaient déshabillées, tuméfiées, brisées, en pleurs. Au début, elles évoquaient gifles et tabassage, aucune n’osait avouer avoir été violée. Mais l’angoisse de tomber enceinte était si atroce et obsédante que rapidement, on n’a plus parlé que de ça. Les viols. Les viols au quotidien. Les viols par cinq ou dix hommes, qui déchiraient les femmes en criant : «Ton frère ou ton mari s’est révolté contre le régime? Ils veulent la liberté? Eh bien voilà ce qu’on leur répond! Tiens! Tiens! Violée, tu ne vaux plus rien ! Voilà ce que récoltent les salauds!»

Dans ma salle d’interrogatoire, j’ai vu violer une fille de 13 ans sous les yeux de sa mère. Violer des femmes de 18, de 30 ans, de 55 ans. Et j’ai vu mourir devant moi une jeune fille, bras et jambes écartelés, ficelés à des chaises, qu’une dizaine d’hommes ont massacrée. Le plus fou, c’est qu’au-delà de la souffrance physique, ces femmes détruites affrontaient une souffrance morale qui leur paraissait pire, en comprenant que leur futur venait d’être anéanti. Qu’elles ne pourraient plus se présenter devant leurs frères, leurs pères ou leurs maris. Qu’elles étaient souillées, à jamais déshonorées aux yeux de leurs proches.

Et que Bachar, cette ordure, avait réussi ça: disloquer leur famille, comme il disloquait toute la société. C’est ce qu’il a fait de plus atroce dans sa guerre contre nous. Il nous a tiré dessus avec des fusils et des lance-roquettes. Il nous a bombardés avec des tanks et des avions. Il nous a balancé des gaz chimiques. Mais le pire, c’est ce qu’il a fait à nos filles.

«Je serai la première à témoigner»

Ma troisième détention a duré dix-huit mois, au cours desquels mon mari a été assassiné en essayant de me faire libérer moyennant une grosse somme d’argent qu’ils lui ont bien sûr volée. Je suis sortie en janvier 2014, grâce à un échange de prisonniers. Pendant tous ces mois, j’ai été transférée dans plusieurs endroits, dont le centre de renseignement de l’armée de l’air de l’aéroport de Mazzeh et une unité de la sécurité politique de Damas. Mais c’est à la section 215, désormais pleine de femmes issues de toutes les villes – Deraa, Alep, Homs, Idlib, Deir ez-Zor –, que j’ai assisté aux pires atrocités.

J’ai vu des femmes mourir au cours d’un énième viol. J’ai vu des femmes essayer d’avorter et mourir d’hémorragie. J’ai vu une fillette de 13 ans, suspendue par les poignets et la poitrine lacérée. J’ai vu des gardiens entrer dans notre cellule et tordre la bouche des filles en exigeant des fellations. J’ai vu une femme pleine du sang de ses règles à qui, en se moquant, on a jeté des rats qui lui ont bouffé le sexe. Oui, j’ai vu ça. Elle est morte. J’ai voulu la secourir, j’ai hurlé, réclamé une couverture sur son corps. On me l’a refusée: «Ce serait bien trop beau pour elle!»

Les Kurdes, les chrétiennes et les alaouites – car il y en avait – étaient victimes d’un acharnement particulier, traitées de putes et de salopes. Et j’ai vu naître des bébés issus des viols. Qui a jamais parlé de cette infamie? Oui, ce que les femmes redoutaient le plus au monde arrivait inévitablement: elles tombaient enceintes et accouchaient au milieu de nous toutes, dans la crasse, les poux, les infections, à même le sol.

J’ai dû m’improviser sage-femme. Quand on vit dans un village, on sait faire ces choses-là. J’ai fait ce que j’ai pu. Soulagé, assisté, encouragé, rassuré. Accueilli des bébés ensanglantés entre mes mains, sans même savoir où les poser, horrifiée. Nous n’avions ni draps ni couvertures. Et on ne nous laissait même pas opérer près des toilettes, où on aurait disposé d’un peu d’eau. Rien, nous n’avions rien, si ce n’est un bout de tissu donné par une femme qui, solidaire, venait de déchirer son voile, et les ciseaux qu’un gardien nous prêtait pour couper le cordon ombilical et qu’il reprenait aussitôt en repartant avec le bébé hurlant. Le bébé de la honte. Le bébé du malheur. Un petit être vivant qui n’avait pas demandé à venir et dont on ne saurait rien…

Au début, ils nous les arrachaient dès l’accouchement. Puis, curieusement, ils les ont laissés aux mamans près de trois mois, afin qu’elles les nourrissent au sein. Certaines éprouvaient une répulsion immédiate pour l’enfant de l’ennemi. D’ailleurs, qui était le père? Un Syrien? Un Iranien? Un Irakien? Un type du Hezbollah? Il y en avait parmi nos bourreaux. Mais les mères finissaient par s’attacher au bébé. Jusqu’au jour où, sans prévenir, on le leur arrachait. Elles hurlaient de douleur et imploraient la mort.

Certains accouchements étaient tragiques, des bébés sont mort-nés, d’autres se sont éteints quelques jours après leur naissance, faute de soins et de médicaments. Ils étaient aussitôt jetés. Je me souviens d’une très jeune fille qui, après trois jours de travail, ne parvenait pas à évacuer son enfant. Il aurait fallu pratiquer une césarienne. J’ai dû lui déchirer le périnée, la plaie s’est infectée, putréfiée. J’ai supplié qu’on la soulage, un gardien compatissant m’a juste apporté du sel de table…

Lors de mes différents séjours, j’ai croisé dans ce sous-sol sordide des centaines de femmes enceintes. J’ai personnellement aidé à naître cinquante enfants, vu mourir dix bébés, cinq mamans… Des femmes retombaient rapidement enceintes après l’accouchement. Ma cousine de 20 ans a donné ainsi naissance à un garçon. Elle est encore détenue. Cela fait quatre ans et trois mois… Peut-être a-t-elle eu d’autres enfants. Alors, qu’on ne me parle plus de l’ONU ni des droits de l’homme! Ça n’existe pas! Le monde n’a rien fait pour nous. Le monde nous a laissés tomber. Nos filles entrent en prison, pures comme de l’argent. Elles en ressortent détruites et mortes-vivantes. Mais y a-t-il une seule voix forte, en Occident, qui se soit élevée pour les défendre et exiger leur libération? Citez-m’en une seule. Eh bien non.

Personne ne songe aux femmes! Je veux que le monde entier sache jusqu’où Bachar Al-Assad est allé dans l’horreur et comment il a martyrisé son peuple. Un haut gradé de son armée m’a téléphoné, ici, en Jordanie, pour me dire que je serai assassinée si je révélais ce secret. Je m’en fous! Il croyait me faire peur, mais c’est lui qui devrait trembler. Car j’ai tout retenu: les dates, les actes, les gestes, les insultes. Et les noms! Oui, j’ai mémorisé les noms des officiers, des gardiens, des violeurs et de tous nos bourreaux. Je garde des preuves. Je documente. Car je veux pouvoir raconter aux jeunes générations ce qui a été vécu par leurs aînés, pourquoi ils se sont révoltés, pourquoi ils ont dû s’exiler. Et surtout, je veux confondre un jour le despote de Damas et tous les salauds à sa solde. Car ils seront jugés un jour, inch’ Allah! Et je serai la première à témoigner contre eux devant un tribunal international. La première! Inscrivez-moi! C’est ça qui me tient debout. (Témoignage publié dans le quotidien Le Monde daté du 6 décembre 2017)

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Le Monde avait publié, le 6 mars 2014, une enquête d’Annick Cojean, titrée «Le viol, arme de destruction massive», pour laquelle la journaliste avait collecté et croisé de nombreux témoignages de femmes ayant subi des sévices sexuels dans les geôles syriennes et s’exprimant pour la première fois. Cette fois, c’est un film, Syrie, le cri étouffé, réalisé par Manon Loizeau et coécrit avec Annick Cojean, avec l’aide de Souad Wheidi, qui sera diffusé le jeudi 7 décembre sur France 2 dans le cadre d’une soirée consacrée à la Syrie.

L’influence russe s’étend en Syrie, Poutine dans sa “base” syrienne: Je suis le chef – النفوذ الروسي يتمدد / بوتين في «قاعدته» السورية: الأمر لي


L'empereur Poutine

L’influence russe s’étend en Syrie, Poutine dans sa “base” syrienne: Je suis le chef
Le président russe Vladimir Poutine est apparu, lundi, lors d’une visite secrète en Syrie et public en Égypte, puis en Turquie, c’est comme pour dire au monde que la Russie d’aujourd’hui est la plus grande puissance et la plus importante dans la région. Dans la forme et le contenu, Poutine est apparu en Syrie comme le président d’une force d’occupation victorieuse. En commençant par convoquer le président du régime, Bachar al-Assad, de le rencontrer dans la base de Humaimim russe et non à l’aéroport international de Damas, en passant par serrer la main au commandant de la base russe à Humaimim avant de serrer la main avec Al-Assad, et qu’un officier russe ne le tire par son bras l’empêchant de rejoindre Poutine, comme le montrent les enregistrements médiatiques, et enfin par la qualité des attitudes et des déclarations faites par Poutine à Latakié, pour annoncer là que la victoire a été réalisée et donc il est possible de retirer la majeure partie de ses forces militaires, sauf dans des bases aéronavales russes de Tartous et Latakié, installées pour des décennies sous l’accord syro-russe signé à leurs propos. Tout signale que Poutine confirme qu’il est le le chef dans cette zone géographique du monde, à la lumière du retrait américain et de l’effondrement de la situation arabe.

بوتين في قاعدته الروسية

أحمد حمزة / 12 ديسمبر 2017

بدا الرئيس الروسي، فلاديمير بوتين، أمس الاثنين، في زيارته السرية إلى سورية، والعلنية إلى مصر، فتركيا، وكأنه يقول للعالم إن روسيا اليوم هي القوة الأكبر والأهم في المنطقة. في الشكل والمضمون، بدا بوتين في سورية كرئيس قوة محتلة ومنتصرة. بدءاً من استدعاء رئيس النظام، بشار الأسد، لاستقباله في قاعدة حميميم الروسية وليس في مطار دمشق الدولي، مروراً بمصافحة بوتين لقائد القاعدة الروسية في حميميم قبل مصافحة الأسد، وقيام ضابط روسي بشد الأسد من ذراعه مانعاً إياه من اللحاق ببوتين مثلما أظهرت التسجيلات المصورة، وصولاً إلى نوعية المواقف والتصريحات التي أطلقها بوتين من اللاذقية، ليعلن من هناك أن النصر تحقق، وبالتالي أمكن سحب الجزء الأكبر من قواته العسكرية، ما خلا الموجودة في قاعدتي طرطوس البحرية واللاذقية الجوية الروسيتين لعقود طويلة بموجب الاتفاقية الروسية ــ السورية الموقعة بشأنهما. كل شيء أوحى بأن بوتين يقول إن الأمر له في هذه البقعة الجغرافية من العالم، في ظل الانسحاب الأميركي فعلاً، والحالة العربية المنهارة.

وزيارة بوتين أمس إلى سورية، الأولى لزعيم دولة إلى سورية منذ نحو سبعِ سنوات، والأولى في التاريخ لرئيس روسي و/أو سوفييتي، تحمل في سياقاتها دلالات ورسائل متعددة الاتجاهات، إذ إن هذه الزيارة الخاطفة والسرية، التي لم يُعلن عنها إلى حين وصول بوتين للقاهرة ظهر أمس، تأتي مع تقهقر وذوبان تنظيم داعشبمعظم معاقله الأساسية في سورية والعراق، وبعد أن أتمت روسيا تقريباً خطة إضعاف فتحجيم قوى الثورة والمعارضة عسكرياً، وترجيح كفة حليفها في دمشق، على المستوى العسكري والسياسي، بالتزامن مع استئناف الجولة الثانية لـجنيف 8″، وقبل سوتشي 1″، وأستانة 8″. لكن أحد أهداف الزيارة، في الوقت ذاته، كما يبدو، هو تكريس انطباعٍ بمختلف الاتجاهات، أن روسيا الباقية في قاعدتي حميميم وطرطوس بشكل دائم، كما قال بوتين، تُحكم قبضتها على مفاصل القرار في سورية، وبإدارة الحل لمستقبل البلاد. ولم تختلف الزيارة السريعة والسرية والمفاجئة، من حيث الشكل، عن الزيارتين اليتيمتين المُعلنتين لرئيس النظام السوري، بشار الأسد، إلى الخارج، روسيا تحديداً، منذ بدء الثورة الشعبية ضده في مارس/آذار 2011. إذ كان الأسد ظهر فجأة في موسكو في أكتوبر/تشرين الأول 2015، بعد أقل من شهر على بدء التدخل العسكري الروسي المباشر بسورية، وأعلن عن الزيارة بعد انتهائها وعودته إلى سورية، وهو ما ينسحب على الزيارة الثانية التي جمعت بوتين بالأسد في مدينة سوتشي في 21 نوفمبر/تشرين الثاني الماضي.

هذه الزيارة، التي التقى فيها بوتين بالأسد، وبثت وسائل إعلام روسية بعد الإعلان عنها بساعتين، مشاهد مصورة مقتضبة لها، ظهر فيها الأسد مع بوتين في ما يشبه العرض العسكري السريع. واختار الرئيس الروسي زيارة قاعدة بلاده العسكرية في حميميم في اللاذقية، والتي هي بالأساس مطار مدني، قبل وصول القوات الروسية إليه في سبتمبر/أيلول 2015، عوضاً عن زيارة العاصمة الرسمية دمشق، مقر إقامة الأسد، الذي سافر إلى حميميم، للقاء بوتين في قاعدته العسكرية. وقبل أن تقلع طائرة بوتين من اللاذقية، التي كانت وصلتها صباحاً، لتحط بعدها في القاهرة ظهراً، قال الرئيس الروسي، بحضور وزير دفاعه، سيرغي شويغو، وقائد قواته بسورية، سيرغي سوروفكين، من هنا من قاعدة حميميم العسكرية، آمر وزير الدفاع ورئيس الأركان العامة ببدء سحب مجموعة القوات الروسية إلى نقاط تمركزها الدائم، مضيفاً أنه وخلال أكثر من عامين قامت القوات المسلحة الروسية، مع الجيش السوري بدحر أقوى الجماعات الإرهابية الدولية. ونظراً لذلك اتخذت قراراً بعودة جزء كبير من القوة العسكرية الروسية الموجودة في الجمهورية العربية السورية إلى روسيا“.لكن بوتين أعلن، في الوقت ذاته، أن قراري اليوم يقضي بعودة الجزء الأكبر من القوات الروسية إلى الوطن روسيا بعد تحقيق الإنجازات المبهرة ضد الإرهاب. وسيبقى مركزين روسيين في طرطوس وحميميم لمواصلة العمل في سورية بشكل دائم، مشيراً بذلك إلى قاعدتي بلاده العسكريتين في سورية، الأولى قاعدة بحرية، وهي موجودة على سواحل مدينة طرطوس منذ ما قبل بدء نقل طائرات ومئات الجنود والمعدات والعربات العسكرية للقاعدة الثانية الجويةفي حميميم، التي تم تأسيسها في سبتمبر/أيلول 2015، وهي مركز قيادة القوات الروسية في سورية. وتابع في حال رفع الإرهابيون رأسهم من جديد، نحن سنوجه إليهم ضربات لم يروها من قبل، مضيفاً نحن لن ننسى أبداً الضحايا والخسائر التي تكبدناها أثناء محاربة الإرهاب هنا في سورية وفي روسيا أيضاً“. وأبلغ بوتين رئيس النظام السوري أنه يريد العمل مع إيران وتركيا لبدء عملية سلام سورية، معرباً عن أمله أن يكون بالإمكان بدء عمل المؤتمر السوري للحوار الوطني، والمتوقع أن يعقد في سوتشي، موضحاً أنه سيبحث الأمر خلال اجتماعاته المقبلة مع رئيسي مصر وتركيا.

وفي حين أن هذا الإعلان عن سحب قوات روسية من سورية ليس الأول من نوعه، إذ كانت موسكو أعلنت منتصف مارس/آذار 2016، وبالتزامن مع جولة مفاوضات جنيف 3″، أنها قررت سحب قسم كبير من معداتها وقواتها العسكرية من سورية لروسيا، وهو ما لم يثبت حدوثه لاحقاً، فإن الحديث الآن عن سحب القوات الروسية يأتي في سياقات وظروف مختلفة، سياسياً وعسكرياً، عن 2016. ويُعتقد أن إعلان روسيا في مارس 2016، كان مدفوعاً بعاملين أساسيين، الأول هو إظهار صورة للمجتمع الدولي بأن موسكو تلعب دوراً إيجابياً في دفع عملية الحل السياسي السوري إلى الأمام، ولا تركز جهودها على الجانب العسكري فقط، والثاني يرجح أنه داخلي روسي، إذ كان كبار المسؤولين الروس قد أعلنوا مع بدء عمليات بلادهم العسكرية في سورية، نهاية سبتمبر/أيلول 2015، أنها لن تطول لأكثر من أربعة أشهر، وكانت مع الإعلان الروسي السابق بتخفيف وجود القوات الروسية بسورية، قد مر على تواجدها أكثر من خمسة أشهر.

لكن الإعلان الروسي الذي جاء على لسان رئيس الكرملين هذه المرة، ومن داخل سورية، يأتي في وقت رجحت فيه القوات الروسية كفة قوات النظام على حساب قوى المعارضة السورية، التي كانت فصائلها العسكرية قد أحرزت تقدماً ميدانياً كبيراً سنة 2015 من إدلب وريفي حماة واللاذقية شمالاً إلى درعا جنوباً، قبل بدء التدخل العسكري الروسي المباشر في سورية، عبر حملات قصف جوي مكثف منذ 30 سبتمبر 2015، وتصاعدت في أكتوبر التالي وما بعده في ريفي حماة واللاذقية الشماليين اللذين كانا تحت سيطرة المعارضة السورية، ثم توسع لباقي مناطق سيطرة المعارضة في إدلب، وأرياف حلب وشرقي مدينة حلب، وشمال حمص ودرعا وريف دمشق وغيرها.

وحديث بوتين، أمس الاثنين، عن بدء سحب قوات ومعدات عسكرية لبلاده من سورية، يأتي بعد أن كرست مُخرجات أستانة ما بات يعرف بـمناطق خفض التصعيد، التي جمدت فعلياً جبهات القتال بين الجيش السوري الحر وفصائل المعارضة من طرف، مع قوات النظام والمليشيات المساندة لها من طرف آخر، رغم أن معارك عديدة ما تزال دائرة في بعض مناطق الاتفاقيات المبرمة، أبرزها في غوطة دمشق الشرقية، وريفي حماة الشمالي الشرقي وحلب الجنوبي الشرقي. كما أن الإعلان الروسي الآن عن بدء سحب معدات وقوات عسكرية روسية من سورية، يأتي غداة نشوة القضاء شبه النهائي على تنظيم داعشمن مناطق سيطرته الأوسع والأقوى، والتي كانت مرتعاً له شرقي البلاد، بداية من تدمر ثم مختلف مناطق ريف حمص الشرقي، والبادية السورية، وريفي دير الزور الغربي وحماة الشرقي، بالإضافة للرقة وجنوب الحسكة وشرق دير الزور التي قاد التحالف الدولي العمليات العسكرية فيها. وهي مناسبة لا شك مغرية، لتدفع موسكو للقول إنها أنجزت مهمة القضاء على الإرهاب في سورية، والذي لم تولِه أهمية في بداية عملياتها العسكرية، إذ كانت أولوية موسكو في سورية إضعاف كافة قوى الثورة والمعارضة، قبل تطويعها باتفاقيات أستانة، وتوجيه الحملات العسكرية بعد تأمين جبهات المعارضة نحو جبهات تنظيم داعش“.

وبالعودة للزيارة المفاجئة، والتي بدا من التصريحات المقتضبة لبوتين فيها، أنه كان وعدالأسد بزيارة لسورية، وتم الإعداد لها، مثل زيارتي الأسد لموسكو وسوتشي، بسرية ولم يُعلن عنها حتى انتهائها، فإن دلالاتها البروتوكولية، كاختيار بوتين لزيارة قاعدة بلاده العسكرية في اللاذقية، لا عاصمة سورية الرسمية، تعطي انطباعاً، ربما يكون مقصوداً من روسيا، أنها تتحرك في سورية وتُحرك نظامها كما تشاء، وبأنها صاحبة الكلمة الفصل، فيما يتعلق بالميدانين العسكري والسياسي لهذا البلد. ويُذكّر إلى حد ما اختيار بوتين، الذي غادر اللاذقية إلى القاهرة، أن يلتقي رئيس النظام السوري في قاعدة روسيا العسكرية في سورية، بزيارة قام بها الملك السعودي الراحل، عبد الله بن عبد العزيز، إلى العاصمة المصرية منتصف سنة 2014، إذ استقبله داخل طائرته بمطار القاهرة، الرئيس المصري، عبد الفتاح السيسي. وتُعطي رمزيات بروتوكولية كهذه دلالات لصورة طبيعة العلاقات بين طرفي الزيارة.

وتصف المعارضة السورية في بياناتها الرسمية خلال السنتين الأخيرتين، الوجود الروسي في سورية، بأنه احتلال. وترى أن دعم موسكو اللامحدود لنظام الأسد، دفع الأخير لرفض الانخراط في مفاوضات جدية تُنضج مسار حل للقضية السورية. وتوقعت مصادر في الهيئة العليا للمفاوضات، في حديث، لـالعربي الجديدأمس الاثنين، أن تدفع زيارة بوتين النظام لمزيد من التمترس خلف مواقفه الرافضة للدخول في مفاوضات الانتقال السياسي، على اعتبار أن وفد النظام في جنيف سيقرأ في زيارة بوتين دعماً مُضافاً لبشار الأسد، الذي هو عقدة الحل الأساسية“. وبعيداً عن التكهنات ومصداقية الإعلان الروسي ببدء سحب قوات ومعدات عسكرية من سورية، وما إذا كان حديث بوتين هذا للاستهلاك الإعلامي أم لا، فإن مصادر روسية رسمية، وهي دائرة العمليات العامة التابعة لهيئة الأركان العامة للقوات المسلحة الروسية، كشفت أمس، بأن الطائرات الحربية الروسية، نفذت، منذ أول غارة لها في سبتمبر/أيلول 2015، أكثر من 28 ألف طلعة، ووجهت نحو 90 ألف ضربة جويةفي سورية. وذكرت أنه وفي الأشهر الأخيرة كان الطيران الروسي ينفذ ما يصل إلى 100 طلعة يومياً، ويسدد ما يصل إلى 250 ضربة جوية في اليوم، فضلاً عن القصف الصاروخي من البحر، ومشاركة حاملة الطائرات الروسية الأميرال كوزنيتسوفضمن عمليات روسيا العسكرية في سورية.
ووفق حديث روسي رسمي من كبار المسؤولين في موسكو، وعلى رأسهم بوتين، فقد استثمر الجيش الروسي وجوده في سورية لاختبار نوعيات جديدة من الأسلحة والذخائر، إذ حول سورية إلى ميدان تجريب، في حين رفعت العمليات العسكرية الروسية في سورية حصيلة الضحايا من المدنيين، مع قتلها وجرحها المئات، فضلاً عن تسببها بنزوح وتشريد عشرات آلاف السكان من بلداتهم وقراهم. وفيما تصل العمليات العسكرية الروسية في سورية إلى نهايتها، مع تضاؤل جبهات القتال، فقد خسر الجيش الروسي، وفق أرقام رسمية لوزارة الدفاع في موسكو، 39 عسكرياً، بينهم ضباط، فضلاً عن أربع مروحيات قتالية وطائرتين حربيتين. ورغم عدم وجود أرقام رسمية، فإن التقديرات الجدية اليوم تتحدث عن وجود 5
آلاف جندي ومدني روسي عامل مع جيش هذا البلد على الأراضي السورية.

https://www.alaraby.co.uk/politics/2017/12/11/بوتين-في-قاعدته-السورية-الأمر-لي